La crèche en forêt.

Depuis que votre bébé est né, vous avez aiguisé votre sens de l’hygiène et de la sécurité.

Vous vous laviez systématiquement les mains au savon ou à la solution hydroalcoolique, vous avez peut-être stérilisé quelques biberons, vous avez dû tuer tout ceux qui ont fait l'erreur de tousser au dessus du landau puis vous avez réorganisé votre intérieur. Vous avez mis des caches-prise, ranger en hauteur divers produits, installé une barrière aux escaliers, planqué les outils et les éléments de décoration cassants et tranchants. Vous avez même mis des bouts ronds aux coins des meubles.

Rien n'était assez sûr pour votre enfant.

Vient le moment où on se dit que le contact avec d'autres enfants est une bonne idée et on part en quête d'une crèche.

Première définition instinctive maternelle d'une crèche : lieu où on se débarrasse en même temps de son enfant et de sa mauvaise conscience. Puisque c'est mal de se débarrasser de son enfant, ce lieu doit être  à l'échelle de votre enfant, socialement et intellectuellement stimulant mais surtout incroyablement sécurisé. En bref, il faut que ce soit mieux qu'à la maison.

Puisque rien n'est assez bien pour votre enfant, vous allez mettre le prix (rassurez-vous cette condition sera la plus facile à remplir)!


Maintenant on se replace dans le contexte :
On est en Suisse, les quelques crèches sont pleines et bien chères... la culture est différente de ce que vous pensiez connaître.
On a osé placer notre petit ange sur liste d'attente. On nous avait prédit 6 mois à un an d'attente. Le miracle c'est produit au bout de quelques semaines sans qu'aucun inscrit soit mort: Il y a de la place dans le "Waldgruppe" (comprendre le groupe de la forêt). On aime se convaincre que nous sommes ouverts d’esprit alors on découvre.

Le groupe de la forêt évolue dans un petit parc charmant avec arbres, hamac, tipi, roulotte en cas de pluie. Quand la météo le permet, on va en forêt, on mange autour du feu et on fait la sieste dans le tipi. Les enfants jouent avec les éléments naturels qui leur tombent sous la main et rentrent en communion avec les arbres (j'en ai vu un faire un câlin au tronc), ils font pipi derrière l'arbre et ne tuent pas les animaux.
Ce n'est pas moi, amoureuse de la ville qui vais pouvoir sensibiliser ma fille à tout cela. Alors, jusque là... j'adore.

Dodo sous le Tipi dans les couvertures épaisses de l'armée suisse

 J'avais bien sur en tête le modèle de la crèche française. Du mou, du moelleux et du tout adapté.

Encore une fois, on se souvient que nous sommes ouverts d'esprit!
Alors on a pas crié quand on a vu les enfants ouvrir la boite à outils (genre métal accordéon option je me pince les doigts) prendre de grands clous et de vrais marteaux. On a pas fermé les yeux quand ils se sont attaqués au bac à sable à la pioche (une bien lourde)... ils avaient un casque de chantier. On a fait semblant de ne pas voir quand ils rassemblaient les feuilles mortes avec de beaux grands râteaux. Et on s'est rassuré en constatant que les enfants gardaient une distance respectable quand ils allumaient le feu sur lequel leur repas allait cuire. Et j'en passe... car tout ça en 20mn.


Malgré nos efforts, nous devions avoir une bonne tête d'ahuris car U. animateur en chef du groupe, nous a demandé ce qui nous posait problème (ça se voyait tant que ça?). Il nous a assuré qu'il n'avait jamais eu d'accident (j'ai été tenté de demander depuis combien de temps il y travaillait car 15 jours ça ne compte pas).


Pour finir, on la inscrite et elle adore... pendant ce temps, j'essaye de ne pas y penser!

C'est tellement loin de tout ce qu'elle peut partager en famille que je ne me vois pas l'en priver maintenant.